FIN DES RESTITUTIONS : la nouvelle PAC doit donner les moyens de réorienter la production !
La Confédération Paysanne a toujours été contre le dumping que ce soit à l'export où à l'import, aussi elle n'a jamais défendu le principe des restitutions. La construction d'une filière entière sous le robinet des aides publiques est trop dangereuse pour les paysans et les salariés. Nous ne sommes pas contre l'export, mais il doit se faire sur des marchés rémunérateurs et sans distorsions de concurrence.
On regrette cette décision abrupte de la Commission, on ne change pas les règles en cours de jeu, mais cela ne doit pas éluder les responsabilités réelles dans la situation actuelle dramatique pour les emplois : la filière et l'Etat, à 18 mois de l'échéance initiale, semblent ne rien avoir mis en place pour anticiper.
On peut se poser la question si réellement la filière était prête pour 2015. La stratégie des professionnels agricoles et agroalimentaires a toujours été de demander des reports et des dérogations. Nous déplorons le fait qu'il ait toujours fallu être au pied du mur et en crise pour évoluer.
Aujourd'hui encore, ce sont les salariés et les paysans qui sont pris en otage et vont trinquer par l'incapacité des filières et des gouvernements successifs à être responsables et à anticiper. On savait depuis longtemps (1993) que ces aides allaient s'arrêter !
A quoi ont servi toutes les réunions et « plans » de ces dernières années ? (Projet Agricole et Agroalimentaire Régional, Conférence régionale avicole, rencontres régionales de l'agroalimentaire…)
La Confédération Paysanne de Bretagne appelle à la mise en place d'un plan d'accompagnement à la fin des restitutions qui doit permettre de réorienter durablement la production vers le marché intérieur aujourd'hui déficitaire (40% de la viande de poulet consommée en France est aujourd'hui importée) et vers l'export à valeur ajoutée.
Nous appelons aussi à regarder du côté de la réforme en cours de la Politique Agricole Commune. La production avicole, et donc les producteurs bénéficiaient jusqu'à maintenant indirectement de la PAC* via les restitutions. A vouloir toujours doter les hectares et ne pas prendre en compte les actifs, et en l'état des options discutées aujourd'hui, les aviculteurs demain, n'auront plus rien directement ou indirectement de la PAC*. Pourquoi des paysans seraient aidés et d'autres pas ? Faut-il que tout le monde cultive du blé ?
Nous serons dans les semaines qui viennent au côté des paysans et des salariés mais il faut aussi que la filière accepte d'évoluer et d'écouter nos propositions.